L’URETEROSCOPIE DIAGNOSTIQUE ET THERAPEUTIQUE

A PROPOS DE 562 CAS

                                                            Thèse Dr N. BEN SORBA

 

Depuis les premières explorations endoscopiques réalisées par MARSHALL en 1964 et LYON en 1978, et l’invention de l’urétéroscope rigide par PEREZ-CASTRO et MARTINEZ PINEIRO en 1980, l’abord non chirurgical des lithiases urétérales est devenu possible.

Les progrès rapides en endo-urologie et la mise au point d’urétéroscopes plus fins et souples ainsi que le développement des différents moyens de lithotripsie endocorporelle a rendu la chirurgie à ciel ouvert en matière de lithiase urétérale d’indication limitée.

La simplicité, l’innocuité et l’efficacité de l’exploration sous vision directe de l’uretère est rendue possible par le développement des urétéroscopes rigides, semi rigides et flexibles ainsi que la disponibilité de moyens de dilatation et de matériel de fragmentation et d’extraction de calculs permettant de travailler en toute sécurité dans la lumière urétérale.

Notre étude se propose d’analyser les résultats de l’urétéroscopie avec endolithotripsie balistique, de démontrer son efficacité, son innocuité et son faible coût en la comparant aux autres moyens d’endolithotripsie et en essayant de codifier ses indications même dans des situations particulières.

Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée dans le service d’Urologie de l’hôpital SAHLOUL de Sousse entre Janvier 1992 et Juin 1998 soit sur une période de 6 ans et demi.

562 urétéroscopies avec lithotripsie endo-corporelle balistique au SWISS LITHOCLAST ont été réalisées chez 547 patients porteurs de lithiases urétérales.

Nous avons exclu de notre série les cas où l’urétéroscopie a été impossible à réaliser soit par impossibilité de repérage ou impossibilité de cathétérisme du méat urétéral. 

Nous avons utilisé un urétéroscope rigide type WOLF de 8,5 F avec le lithotripteur balistique : le LITHOCLAST Suisse comme moyen de fragmentation.

Ces calculs ont été pelviens dans 74,56 % des cas (419 LUP), lombaires dans 19,57 % des cas (110 LUL) et iliaques dans 5,87 % des cas (33 LUI).

La taille des calculs traités, a varié de 3 mm à 20 mm avec une taille moyenne de 12 mm.

L’accès à l’uretère a été fait sans dilatation préalable du méat urétéral dans tous les cas.

L’anesthésie a été générale dans la majorité des cas (96 %) avec une durée moyenne de l’acte opératoire de 26 mn + 12 mn.

Le succès global de la fragmentation est estimé à 92,5 % avec des variabilités en fonction du siège du calcul, de sa taille, de sa multiplicité et de l’état local des voies excrétrices.

Pour les calculs pelviens, le succès a été presque total. Il était de
87,8 % pour les lithiases urétérales iliaques et de 87,2 % pour les lithiases urétérales lombaires.

Pour atteindre ce taux global de succès, l’urétéroscopie itérative a été nécessaire dans certains cas et 19 de nos patients ont bénéficié de plus d’une urétéroscopie pour arriver au bout d’un calcul urétéral soit gros de taille ou ayant séjourner pendant longtemps dans les voies excrétrices (soit 3,5 % des cas).

Les complications d’urétéroscopie sont devenues rares (de 1 à 5 % selon les séries). Elles sont de différents types et portent sur l’accès les manœuvres opératoires ou les suites immédiates ou tardives de l’acte. Nous déplorons dans notre série 3,2 % de complications dont 8 perforations urétérales traitées par la mise en place d’une sonde JJ dans 5 cas et réparées chirurgicalement dans les
3 cas restants. La pyélonéphrite post-opératoire a été observée dans 3 cas et ce faible taux s’explique par le traitement systématique de toute infection urinaire en pré-opératoire ainsi que l’antibioprophylaxie per-opératoire réalisée chez tous nos patients.

Ces rares complications étaient dues non au moyen de fragmentation utilisé mais à l’urétéroscopie et aux manœuvres endo-urétérales surtout en cas de calcul impacté dans la muqueuse ou de difficultés de progression de l’urétéroscope secondaires à une importante inflammation périlithiasique, une sténose urétérale ou un coude urétéral.

Les 24 cad’échec de l’urétéroscopie (soit 4,3 %) rencontrérés dans notre série étaient duà une migration du calcul vers le rein dans 11 cas, une inflammation urétérale importante dans 6 cas, un coude urétéral infranchissable dans 3 cas et un saignement important empêchant l’achèvement de l’acte opératoire dans 4 cas. Dans tous ces cas, une LEC a été indiquée avec de bons résultats.

Les complications tardives de l’urétéroscopie telle que le reflux vésico-urétéral persistant ou la sténose urétérale sont rares et ils n’étaient pas recherchées de façon systématique sauf en cas de signes d’appels. Un seul cas de reflux vésico-urétéral a persisté 6 mois après l’urétéroscocopie dans notre série et aucun cas de sténose n’a été mis en évidence.

Parmi les différents types d’endo-lithotripteurs disponibles, le choix devra se faire en faveur du moyen le plus sûre, le plus efficace, le plus facile à manier et le moins coûteux.

L’efficacité du LITHOCLAST est prouvée, égale au lithotripteur hydroélectrique, égale ou même supérieure au laser et bien supérieure aux ultrasons. Sur le plan coût, le laser est de loin le plus cher. Le lithotripteur hydroélectrique est le moins cher mais ses sondes qui doivent être changées continuellement sont coûteuses.

Le LITHOCLAST est le moyen de fragmentation le moins coûteux compte-tenu de l’absence d’un coût de maintenance. En plus de l’avantage du faible coût du traitement, l’urétéroscopie utilisant le lithoclast comme moyen de fragmentation des calculs urétéraux donne le moins d'effets tissulaires.

Avec la miniaturisation du matériel endoscopique et la création des urétéroscopes flexibles, l’urétéroscopie permet actuellement d’explorer la totalité du haut appareil urinaire ce qui a permis d’élargir ses indications non seulement à titre diagnostique (exploration d’une hématurie avec bilan radiologique normal ou d’une image lacunaire à l’UIV ou à l’UPR) mais aussi à titre thérapeutique tel que le traitement endoscopique des sténoses urétérales, des maladies de la jonction pyélo-urétérale par voie rétrograde, la résection d’une tumeur urothéliale….

Nous avons aussi constaté l’efficacité de l’urétéroscopie avec lithotripsie au lithoclast dans des situations d’urgences à savoir les coliques néphrétiques hyperalgiques (64 cas : 11,38 %) ou les oligoanuries obstructives d’origine calculeuse (27 cas : 4,8 %) avec un succès presque total permettant une  désobstruction de la voie excrétrice ainsi qu’un traitement étiologique définitif moyennant certaines précautions et une grande expérience de l’opérateur.

En conclusion, l’urétéroscopie est un moyen diagnostique et thérapeutique ayant transformé le traitement des pathologies urétérales surtout lithiasiques. Couplée à l’endolithotripsie (surtout au LITHOCLAST), elle permet de traiter avec un succès presque total toutes les lithiases urétérales quelque soit leurs sièges, leurs consistances et leurs retentissement avec peu de risques et un faible coût.